Membres Fondateurs

Morley Troman

De kerallary, En Ploumilliau, dans les Côtes-du-Nord un écrivain anglais et sa famille ont fait leur résidence.

Comment au contact de Morley Troman, écrivain anglais de grand talent, ne peut-on se rendre compte du rapprochement saisissant de nos deux peuples au milieu de ces terres proches de la côte de Saint-Michel-en-Grève ?

Pour atteindre le domaine de cet artiste, un curieux petit chemin de campagne. La demeure est belle, rustique, pleine de charme ; çà et là des statuettes car l’écrivain est aussi sculpteur, et puis, gambadant dans vos jambes, de ravissants petits chats : passion de Shula, l’épouse de Morley, des fleurs, un décor étonnant au milieu des terres du village de Ploumilliau. Ce qui est étonnant c’est que, de cette demeure que les Troman trouvèrent délabrée en arrivant en France, ils ont fait un domaine où l’on respecte tout : ici il est interdit de chasser les oiseaux, de détruire les nids, tout le monde vit avec et pour la nature, une faune y a établi son quartier général depuis l’arrivée des nouveaux maîtres.

Morley est né en 1918 dans le centre de l’Angleterre ; au cours de la dernière guerre il est fait prisonnier à Jersey et amené en France, c’est à cette époque qu’il prend pour la première fois contact avec notre pays ; ce contact sera décisif. En France durant sa captivité, il va apprendre à goûter la littérature, la sculpture du Moyen Age et il va également rencontrer Shula qui devait devenir Mme Troman.

Après Vittel, Morley repart en Angleterre où on lui donne le grade de médecin-capitaine et il est affecté au Service des Rescapés des camps de concentration de la Ruhr. Mais après la guerre, la capitale française l’attire, il va y séjourner dix ans ; durant cette époque il publie des contes, des histoires, il sculpte. Ses oeuvres seront exposées au Salon de la Jeune Sculpture, au Salon Comparaisons dont il est l’un des membres fondateurs, et à la Galerie Drouant.

Mais Paris ce ne peut être le rêve pour ce ménage qui s’est agrandi de deux têtes Robin et Nanda ; Morley ne trouve plus l’inspiration et, un beau jour, il y a sept ans, il s’établit à Saint-Michelen-Grève au bord de la mer, juste le temps de découvrir un domaine : ce sera Kerallary. Aurait-on jamais osé écrire que, dans ce domaine, l’inspiration allait être de première force : en six mois Morley Troman termine un roman ; depuis c’est une prolifération de romans, écrits en anglais, mais tous inspirés par Saint-Michel-en-Grève et la côte quant à leur cadre.

Les légendes bretonnes ont été évoquées dans la Dot du diable, mais l’auteur les a traitées à sa façon. Membre du Pen, confrérie britannique groupant l’élite des poètes, écrivains et éditeurs, Morley est un spécialiste d’émissions radiophoniques internationales ; l’une d’elles est programmée tous les lundis à 20 h 30 sur Radio-Bretagne : elle s’intitule Channel Nord Sud.

Famille d’artistes, Shula, sa femme, manie le pinceau avec adresse ; son point fort : les portraits ; son rêve : les fresques… Ainsi en pleine nature, dans ce coin charmant de Saint-Michel-en-Grève, vivent des artistes éloignés des soucis de ce monde et qui ont fait de Ploumilliau une citadelle poétique, picturale et littéraire…

Jean-Pol GUGUEN.

In : Bretagne Magazine N°9 Août 1966

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